La Grande Vitrine

Galerie d’art photographique à Arles

1er sept 2022 – 9 avril 2023

nos histoires africaines

Alun BE / Bruno CATTANI / Darios TOSSOU / Françoise BENOMAR / Gabriel DIA / King MASSASSY / Malick KEBE / O’Kiins HOWARA / Pamela TULIZO / Polo FREE

L’esprit de l’Afrique souffle à La Grande Vitrine depuis sa création.
Nous relayons l’énergie et la fierté de ce continent.
Il est multiple et ses talents sont infinis.
Notre parti pris est de présenter à la fois des artistes qui exposent pour la première fois en dehors de leur pays mais aussi des photographes de renommée internationale.
A travers ce retour sur nos quatre dernières expositions, nous racontons leur histoire, nos rencontres, nos coups de coeur.

Sur RDV : +33(0) 6 85 74 46 50 / +33 (0) 6 15 52 14 12

COSMOLOGIES

La pandémie liée au Covid a révélé nos multiples contradictions face au vivant. Elle a bousculé notre rapport au travail, notre rapport au temps. Qui mieux que les artistes pouvaient traduire nos interrogations, nos contradictions. Dans COSMOLOGIES, les photographes ont puisé dans leurs cultures ancestrales pour inventer de nouvelles formes visuelles de relations au monde. Ils nous emmènent dans des contrées où les liens entre les esprits et les humains sont essentiels.

RÉ-GÉNÉRATION

Pour cette exposition, La grande Vitrine hausse les couleurs. La couleur pour se régénérer et sublimer l’imagination. Les photographes de RÉ-GÉNÉRATION ont tous en commun cette énergie vitale générée par la couleur. Ils bousculent les codes, apportent une touche supplémentaire à leur oeuvre en associant portraits et peinture.
Ils partagent cette soif de rassembler tradition et modernité. Pour eux, la couleur est un outil de narration et le miroir de la culture africaine.

MA GÉNÉRATION

La génération invitée à la Grande Vitrine n’est ni dans le passé ni dans l’attente.
« L’Afrique sera respectée quand elle se respectera elle-même ». Voilà l’ambition affichée des photographes de MA GÉNÉRATION. Ils veulent s’approprier leur histoire.
La raconter avec leur regard. Exit la victimisation liée aux décennies de colonisation, ils prennent en main leur destinée. Le temps de la photo, c’est celui de l’action et la portée de leurs images est sans limite. Le lieu et le tempo qu’ils revendiquent avec force : c’est ici et maintenant.

AFRICA

Les travaux des artistes de l’exposition AFRICA sont multiples et tous interrogent.
Ils explorent les questions d’origine, de construction personnelle et d’identité, ils se veulent militants en dénonçant les inégalités. Ils dévoilent l’invisible à travers les rides des portraits, l’âme dans les sillons de la peau ou les traces de kaolin qui recouvrent les corps. Les visages et les corps sont les médiateurs de leurs réflexions.

Alun BE

Alun BE est un photographe portraitiste autodidacte, architecte de formation franco-sénégalais, né en 1981 à Dakar. Il vit et travaille entre le Sénégal, la France et les États-Unis. Il a été invité à la Biennale de Dakar 2016 et ex- pose au Musée du quai Branly – Jacques Chirac. Sa série Empowering Women rassemble les portrait de femmes –héroïnes africaines– qui toutes pourraient faire la couverture de Time : Ce sont des femmes qui, parties de rien, ont construit des empires.

Je fais partie de cette nouvelle génération d’artistes africains. On est allergique à la victimisation du continent africain, qui dit que c’est la faute aux différentes colonisation qu’au- jourd’hui l’Afrique a du mal à émerger. Nous prenons en main notre destinée, nous racontons notre histoire avec nos propres mots et notre propre sensibilité. L’Afrique sera pas respectée tant qu’elle ne se respectera pas elle-même. Elle doit pouvoir admirer sa grandeur et la faire jaillir.

Bruno CATTANI

Révéler, sublimer et transmettre la puissance des rites vaudou

Bruno CATTANI vit et travaille à Reggio Emilia, Italie. Il a commencé à photographier en 1982 et est photojournaliste depuis 1988. En 1996, il a participé à une recherche photographique sur les musées de Reggio Emilia. Au fil des ans, il a reçu de nombreuses commandes de recherche dans des musées, du Louvre à Pompéi, en passant par Berlin. Il travaille actuellement pour certains des plus importants studios d’architectes italiens et ses oeuvres font partie des collections permanentes des Archives photographiques du Musée du Louvre, à la Maison européenne de la photographie, la New York Public Library for the Performing Arts, Museo Archeologico Nazionale of Naples, BNF, Musée Reattu d’Arles, The United States Museum of Photography, and the Museum of Thessaloniki (Grèce). En 2011, il fait partie des photographes choisis par Italo Zannier pour représenter l’Italie à la 54è Biennale de Venise. En 2015 a remporté le prix BNL à Mia Fair-Milano.

Vaudou 2019

Bruno CATTANI présente une série d’oeuvres photographiques appartenant à un projet de recherche sur les rituels vaudous au Bénin et au Togo. Le Bénin est l’endroit où le vaudou (ou vodu) est né et est aujourd’hui la religion officielle du pays. Le vaudou signifie « âme » ou « force » en Fon et, à l’époque du Royaume du Dahomey, il a connu son développement maximum et est resté inaltéré au cours des siècles, grâce aussi aux dignitaires du culte qui ont pu perpétrer le rituels et
cérémonies, bien que dans la période de la colonisation européenne cette religion ait été diabolisée.
Le vaudou, contrairement à ce que nous, Occidentaux, sommes amenés à penser, a une valeur positive et la relation avec les dieux cherche à s’approprier leurs faveurs, atteindre le bonheur et la prospérité.
Bruno CATTANI a été en mesure de transmettre tous ces rituels, non seulement à travers des images puissamment et magnifiquement composées, mais en fonction de son sujet en utilisant intelligemment et artistiquement les tissus locaux réels comme arrière-plan et en les encadrant avec un double cadre en chêne, les sublimant pour en faire une oeuvre d’art complète en soi.

Darios TOSSOU

Révéler la profondeur qui se cache dans l’obscurité de l’être.

Darios TOSSOU est né à Cotonou (Bénin) en 1991.
Il a suivi une formation en journalisme audiovisuel, se spécialise dans la photographie de mode puis évolue vers un travail plus personnel. Son oeuvre, en constante mutation, est en train d’éclore et de se révéler à l’Afrique et au reste du monde.
La série Anonymous est consécutive à une profonde remise en question de l’artiste. A une réflexion cosmologique. Qui suis-je ? Quel est mon rapport au monde ? Il se nourrit des cultures ancestrales et invente alors de nouvelles formes visuelles.
En puisant dans ses racines, Darios TOSSOU retrouve la puissance cultuelle et culturelle des rites Vaudou, emblématiques au Bénin. Il utilise le kaolin pour en badigeonner les corps qu’il photographie et symboliquement les purifier. Dans un jet mystique, le kaolin sublime les corps noirs. Les corps renaissent, comme l’artiste, qui a réussi à se reconstruire grâce à cette plongée dans le passé, dans les rites et les relations ancestrales entretenues avec les dieux.
Le questionnement de Darios se veut universel. A travers ses photographies on devine que la résilience passe par la métaphysique. Par notre rapport à l’univers et aux dieux.
Darios TOSSOU a décroché en 2018 le prix du meilleur photographe, au Festiflash, festival photo du Bénin.

Françoise BENOMAR

La couleur est ma narration, un dépassement de soi

Franco-Marocaine, Françoise BENOMAR est née à Paris puis a rejoint la couleur ocre argent du Maroc en 2002. Elle est photographe, écrivaine, historienne de l’art, critique d’art et cinéma. Sa passion pour la photo est le fruit d’un long cheminement. Si Ingres a recours à la photographie pour ses tableaux, Françoise s’inspire de la peinture pour ses oeuvres photographiques. Sa démarche artistique nous invite à des voyages visuels dans lesquels peinture et photographie se fondent.
Françoise Benomar a exposé dans de nombreuses galeries à Casablanca, à Marrakech et à Rabat (Maroc) et aussi à Dakar (Sénégal), à Abidjan (Côte d’Ivoire) et à Paris.

Gabriel DIA

Gabriel DIA est né au Sénégal.
Tout d’abord photographe autodidacte, il est sélectionné par la Bourse du talent et major de l’école parisienne Efet en 2020. Il accumule depuis les reconnaissances avec le prix Picto de la Mode et une sélection pour le festival de Hyères.

Cette série d’autoportraits rend hommage à une danse sénégalaise réservée aux femmes, le Sabar. Les hommes qui osent la danser se font traiter d’homosexuels. Cela fut mon cas à l’âge de 6 ans. Ce souvenir de ma mère venant me chercher en furie dans cette foule de femmes a hanté mon enfance et mon adolescence. Il a sûrement été décisif dans mon choix de m’exiler en France à l’âge de dix-huit ans, sous prétexte de faire des études. Aujourd’hui, je décide de danser à nouveau le Sabar, la tête coupée ou encore me dissimulant derrière un négatif qui opère comme un voile protecteur. Une façon d’affirmer mon homosexualité et de soulever la question de sa condamnation au Sénégal.

King MASSASSY

Né en 1971 en Côte d’Ivoire, il vit et travaille au Mali. Artiste inclassable, tour à tour rappeur, comédien et photographe autodidacte. À partir de 2015, il se consacre pleinement à ses photographies vibrantes et pleines d’espoir. À travers les portraits de ses héros du quotidien, il parle de l’Afrique qu’il voudrait voir « se connaître et s’aimer » et entend bien montrer « combien l’Afrique est dynamique, inventive, fertile… ». Fotolala King Massassy a notamment exposé à la Biennale de Bamako et sur l’île de Gorée (Sénégal), à Brighton (Royaume-Uni), au Canada et en France.

Malick KEBE

La couleur est mon drapeau

Malick KEBE vit en Côte d’Ivoire. Il a 30 ans et appartient à la génération «Instagram». Ce sont les réseaux sociaux qui l’ont propulsé au-devant de la scène. En 2019 il est repéré par Apple, Twitter et Toyota. Cette consécration l’a poussé́ sur le devant de la scène en lui permettant d’exposer ses créations à Paris, Atlanta (États-Unis), Zanzibar (Tanzanie) et à Abidjan (Côte d’Ivoire). A mi-chemin entre la photo et la peinture il bouscule les codes, travaille ses photos en postproduction. Malick mise sur un élément clé : la couleur.

Anonymous Face Dario Tossou

O’kiins HOWARA

Je photographie une Afrique intemporelle, loin des clichés

O’kiins HOWARA est ivoirien. Lui aussi est issu de la génération « Instagram ». Il utilise les ressorts du smartphone et de l’ordinateur pour composer ses oeuvres. Des oeuvres où tradition et actualité se mêlent.
Les cauris (petit coquillage couleur porcelaine) sont très présents et « habillent » ses modèles. Ils ont eu plusieurs usages. Ils furent la monnaie de l’Afrique de l’Ouest mais ils ont surtout une valeur religieuse dans les manifestations cérémonielles. Spiritualité, tradition et modernité se mêlent dans les photographies d’O’kiins. Elles interrogent, laissent la place à l’imaginaire avec une palette picturale percutante.

Pamela TULIZO

Pamela TULIZO, diplômée du Market Photo Workshop de Johannesburg, est née en 1993 au Congo. Son travail Double identité est lauréat de l’édition 2020 du Prix Dior de la photographie – en partenariat avec Luma Arles et l’École de la photographie d’Arles. La série L’enfer paradisiaque réalisée en juin 2021 à Goma a été inspiré par la crise sanitaire du Covid. Elle généralise toutes les crises du Congo ou d’ailleurs afin d’interpeller les gouvernements à se préoccuper de la population.

Mon histoire est unique et personne ne peut la raconter comme moi. Il est grand temps que l’on s’approprie notre histoire et que nous la racontions avec notre propre manière d’exprimer nos mots. L’Afrique a beaucoup à offrir en termes de talents. On a tout ce qu’il faut pour cela. C’est ce que je fais. Je raconte mon histoire à travers les autres femmes. Je couvre les histoires des autres femmes à travers moi- même. Et je rejoins cette grande communauté des artistes qui veulent raconter l’histoire de l’Afrique par eux-mêmes.

Anonymous Face Dario Tossou

Polo FREE

Polo FREE, né au Cameroun en 1993, est photographe autodidacte résidant à Tanger depuis 2013. Militant, il fonde l’as- sociation Voie des Migrants qui vient en aide aux personnes les plus démunies. Il documente la vie des migrants africains au Maroc.

Les sujets de mes portraits ne sont pas des migrants, les personnes que je photographie sont des voyageurs. Il veulent voyager pour l’amour ou gagner de l’argent, par la curiosité et pour la découverte d’autres cultures… Ce ne sont pas des mannequins qui offriraient un portrait dénué de vie réelle. Ils ne sont pas anonymes, je discute avec eux pour les connaître et capturer l’émotion. Ils ont des droits aussi je reverse 10% de la vente des tirages aux personnes photographiées.