La Grande Vitrine

Galerie d’art photographique à Arles

​4 juillet – 28 août 2022

cosmologies

Raúl ORTEGA / Bruno CATTANI / Darios TOSSOU / Tatiana PARCERO

Du Jeudi au Dimanche
de 10h30 à 19h
ou sur rendez-vous

Depuis 2020, la pandémie a révélé nos multiples contradictions face au vivant et nous fait réfléchir sur notre relation au sacré au sens anthropologique du terme. Pour retisser la relation de connaturalité dynamique de l’humanité à l’étendue terrestre et au cosmos, La Grande Vitrine et NEGPOS Centre d’art photographique s’associent et vous proposent une exposition de quatre artistes photographes contemporains ancrés sur les continents africains et latino-américains qui se nourrissent de leurs cultures ancestrales pour inventer de nouvelles formes visuelles de relations au monde.

L’angoisse de notre propre extinction doit nous faire agir sur nos rapports de domination-exploitation de tout ce qui nous entoure. Il s’agit d’opérer un renouvellement de notre positionnement métaphysique qui porte sur les êtres, les objets et les puissances censés peupler le réel ; sur leurs propriétés, leurs rapports, leur origine et leur devenir. Il nous faut « atterrir » comme nous le suggère Bruno LATOUR. Nous nous devons de réinventer la façon dont nous nous représentons le monde ; quelles en sont les valeurs et quelle en est la consistance. Les artistes sont probablement les mieux placés pour nous proposer des figures qui explorent de nouveaux régimes d’être au monde s’adossant sur les relations ancestrales entretenues par les humains avec les animaux, les plantes et les esprits.

CETTE EXPOSITION EST CO-ORGANISÉE PAR LA GRANDE VITRINE ET NEGPOS

Implanté à Nîmes depuis 1997, NEGPOS Centre d’art et de photographie est conçu comme un lieu de ressources, de diffusion, d’échanges et d’expérimentations afin de développer la culture photographique auprès du grand nombre et de soutenir la recherche-création.
NEGPOS privilégie la création visuelle et tout particulièrement la photographie d’auteur dans tous ses genres car elle demeure une grande forme de la pensée et de la connaissance, un vecteur d’intelligence et de savoir. Parce qu’elle nous dit fatalement quelque chose sur le réel, elle nous informe sur lui, à sa manière, qui n’est pas celle des médias mais qui n’est pas non plus celle de la science ou de la philosophie, d’où son caractère précieux.

Raúl ORTEGA

Un regard qui capture la grande harmonie du mystère

Mexico, 1963.
Raúl ORTEGA a étudié la photographie à l’école « Casa de las Imágenes » du District fédéral. Il a été photographe pour le journal La Jornada de 1986 à 2000 et, dans le même journal, coordinateur et éditeur du supplément photo. Il a collaboré avec les agences internationales Reuters, AP et AFP. Son travail de photographe a été reconnu par la National Association of Graphic Reporters en 1987. Il a réalisé environ soixante-dix expositions portant sur l’être humain et nos activités à la fois au Mexique et à l’étranger. Il est l’auteur des livres : Pavilion Cero, De fiesta et Cartagena, semaine de la passion. Il a collaboré à environ 40 livres de photographie et/ou d’oeuvres littéraires.
Il a donné des cours, des conférences et des ateliers sur la photographie.
Il est actuellement photographe indépendant. Il collabore à des publications au Mexique et à l’étranger et réalise principalement des projets personnels à long terme.

Anonymous Face Dario Tossou
Anonymous Face Dario Tossou

Commissaire d’exposition : Patrice LOUBON

Dans les premières décennies du XVIè siècle, les navires négriers transportaient des esclaves, non seulement des hommes, des femmes et des enfants, mais aussi des dieux et des croyances. L’esclave africain déplacé a abrité et ravivé son Afrique natale et l’a imbriquée dans tous les pays américains qui ont reçu ces cargaisons humaines asservies.
Ces religions d’origine africaine ont été transmises oralement de génération en génération et avec elles des habitudes, des coutumes, des rites, des repas, des danses et de la musique, profondément enracinés dans l’âme cubaine. Cette Cuba intense et magique a ensorcelé le photographe Raul ORTEGA qui, avec son regard, a réussi à capturer la grande harmonie du mystère, qui associe les races, les rythmes, les expressions, les gestes et les concepts, rarement entrevus par l’étranger au cours de son voyage à travers le pays.

Natalia Bolívar ARÓSTEGUI

Bruno CATTANI

Révéler, sublimer et transmettre la puissance des rites vaudou

Bruno CATTANI vit et travaille à Reggio Emilia, Italie. Il a commencé à photographier en 1982 et est photojournaliste depuis 1988. En 1996, il a participé à une recherche photographique sur les musées de Reggio Emilia. Au fil des ans, il a reçu de nombreuses commandes de recherche dans des musées, du Louvre à Pompéi, en passant par Berlin. Il travaille actuellement pour certains des plus importants studios d’architectes italiens et ses oeuvres font partie des collections permanentes des Archives photographiques du Musée du Louvre, à la Maison européenne de la photographie, la New York Public Library for the Performing Arts, Museo Archeologico Nazionale of Naples, BNF, Musée Reattu d’Arles, The United States Museum of Photography, and the Museum of Thessaloniki (Grèce). En 2011, il fait partie des photographes choisis par Italo Zannier pour représenter l’Italie à la 54è Biennale de Venise. En 2015 a remporté le prix BNL à Mia Fair-Milano.

Vaudou 2019

Bruno CATTANI présente une série d’oeuvres photographiques appartenant à un projet de recherche sur les rituels vaudous au Bénin et au Togo. Le Bénin est l’endroit où le vaudou (ou vodu) est né et est aujourd’hui la religion officielle du pays. Le vaudou signifie « âme » ou « force » en Fon et, à l’époque du Royaume du Dahomey, il a connu son développement maximum et est resté inaltéré au cours des siècles, grâce aussi aux dignitaires du culte qui ont pu perpétrer le rituels et
cérémonies, bien que dans la période de la colonisation européenne cette religion ait été diabolisée.
Le vaudou, contrairement à ce que nous, Occidentaux, sommes amenés à penser, a une valeur positive et la relation avec les dieux cherche à s’approprier leurs faveurs, atteindre le bonheur et la prospérité.
Bruno CATTANI a été en mesure de transmettre tous ces rituels, non seulement à travers des images puissamment et magnifiquement composées, mais en fonction de son sujet en utilisant intelligemment et artistiquement les tissus locaux réels comme arrière-plan et en les encadrant avec un double cadre en chêne, les sublimant pour en faire une oeuvre d’art complète en soi.

Darios TOSSOU

Révéler la profondeur qui se cache dans l’obscurité de l’être.

Darios TOSSOU est né à Cotonou (Bénin) en 1991.
Il a suivi une formation en journalisme audiovisuel, se spécialise dans la photographie de mode puis évolue vers un travail plus personnel. Son oeuvre, en constante mutation, est en train d’éclore et de se révéler à l’Afrique et au reste du monde.
La série Anonymous est consécutive à une profonde remise en question de l’artiste. A une réflexion cosmologique. Qui suis-je ? Quel est mon rapport au monde ? Il se nourrit des cultures ancestrales et invente alors de nouvelles formes visuelles.
En puisant dans ses racines, Darios TOSSOU retrouve la puissance cultuelle et culturelle des rites Vaudou, emblématiques au Bénin. Il utilise le kaolin pour en badigeonner les corps qu’il photographie et symboliquement les purifier. Dans un jet mystique, le kaolin sublime les corps noirs. Les corps renaissent, comme l’artiste, qui a réussi à se reconstruire grâce à cette plongée dans le passé, dans les rites et les relations ancestrales entretenues avec les dieux.
Le questionnement de Darios se veut universel. A travers ses photographies on devine que la résilience passe par la métaphysique. Par notre rapport à l’univers et aux dieux.
Darios TOSSOU a décroché en 2018 le prix du meilleur photographe, au Festiflash, festival photo du Bénin.

Tatiana PARCERO

« Avec la photographie, j’explore la relation entre le corps et la nature comme un territoire symbolique où se rencontrent identité, mémoire et temps »

Tatiana PARCERO est née à Mexico. Elle est titulaire d’un Master en arts avec une spécialisation en photographie attribué conjointement par New York University et l’International Center of Photography ICP de New York. Elle est par ailleurs licenciée en psychologie de l’Université Autonome de Mexico UNAM.
Elle a participé au début des années 90 à l’atelier des lundis, coordonné par le photographe mexicain Pedro MEYER au titre du Conseil mexicain de la photographie.
Depuis 1989, ses photographies ont été montrées dans une centaine d’expositions sur le continent américain comme dans bon nombre de musées et de centres d’art contemporain dans différents pays du monde. Sa dernière exposition, en date d’avril 2022, s’est déroulée au Museum of Modern Art, MOMA, de New York.
Ses oeuvres figurent dans de nombreuses collections privées et publiques telles que : le MOMA de New York, la Getty Fundation Los Angeles, le Muséum Contemporary Art MOT de Tokyo, le Muséo de Arte Contemporaneo de Castilla-Léon en Espagne, …

« OSSIS »

Dans la série Ossis, Tatiana PARCERO incorpore dans des photographies de son corps des ossements d’animaux qu’elle utilise comme témoin de la dernière forme tangible de l’existence et aussi pour symboliser la connexion entre la vie et la mort, la peau et ce qu’il en dessous, la mémoire et le temps. Chaque pièce fait l’objet d’une intervention graphique représentant une illustration de la nature qui associe ce qui était vivant et ce qu’il en reste.

Commissaire d’exposition : Patric CLANET